L’ampleur des conséquences du confinement pour les compagnies professionnelles du Gers

Quels impacts de la crise sanitaire et du confinement pour les compagnies ?

Dès le début de la période de confinement, l’Adda 32 a tenue à s’adresser aux compagnies professionnelles du Gers afin de tenter d’évaluer les conséquences du COVID-19 sur leurs activités.
A ce jour, sur une cinquantaine de compagnies, l’Adda a eu des retours (questionnaires, échanges mails et téléphoniques) de la part de 35 d’entre elles, à savoir 67%. En raison du flou de la situation et du manque d’informations que peuvent avoir les compagnies, toutes ne sont pas en mesure de nous délivrer les informations demandées sur le questionnaire.

Sur 22 compagnies ayant pu nous exprimer leur perception de l’impact et de la fragilisation de leur structure face à ces annulations, une majorité d’équipes artistiques se retrouve « beaucoup » ou « énormément » impactée (51%), que ce soit actuellement ou sur du plus long terme. Également, si l’impact est faible pour les compagnies, il n’en est pas de même pour les artistes intermittents. De plus, ces perceptions peuvent être amenées à évoluer, suivant la durée du confinement.

En ce qui concerne la diffusion des spectacles des compagnies gersoises, sur 75 spectacles renseignés (et parfois séries de représentations, comme c’est le cas pour Carré Blanc Cie, entre autres), près de la moitié sont annoncés comme reportés. Pour les autres spectacles, si certains sont annulés, pour d’autres, aucune décision n’a été prise à ce jour.

Dans une grande majorité des cas, les compagnies ne sont pas en mesure de payer les salaires des artistes et n’ont pas pour le moment décidé d’avoir recours au chômage partiel pour ceux-ci. Le fait de ne pas avoir de visibilité concrète sur la durée réelle du confinement et de ses incidences sur le secteur culturel (diffusion, accueil en résidence, actions culturelles etc…), ainsi que sur les reports des dates, ne permet pas forcément aux équipes artistiques de prendre des décisions financières et économiques quant à la gestion de leur trésorerie, paiement des salaires et recours au chômage partiel.

Le fait de ne pas être impacté par des annulations de date de diffusion (ou du moins peu), n’est pas forcément représentatif de la situation de la compagnie et ne signifie pas pour autant que ce contexte de crise sanitaire et de confinement est sans conséquence. Les équipes artistiques sont amenées à exercer une grande diversité d’actions artistiques, reflet de la pluralité et de la richesse de ce secteur. La crise actuelle a bien un effet sur ces activités – artistiques ou autres – qui se retrouvent annulées ou remises en question :

• Résidences de création
Plusieurs compagnies gersoises dédiaient une grande partie des mois de mars à juin à des temps de résidence de création pour leurs nouveaux spectacles, avec parfois des actions culturelles en lien. C’était notamment le cas de la Cie Kiroul ainsi que du Collectif Random, avec des dates de premières à l’été. L’énergie, l’élan et le calendrier de la création se retrouve bousculés, des dates de premières sur des festivals ou lieux offrant une belle visibilité pour la compagnie se retrouvent annulées ou décalées d’un an. 

• Répétitions
De nombreuses compagnies se retrouvent dans l’incapacité de pouvoir répéter, ce qui a également un impact, comme toute autre activité, sur les heures d’intermittence.

• Ateliers de pratique et actions culturelles (avec les amateurs, en milieu scolaire, en EHPAD…)
Plusieurs compagnies ayant des projets d’éducation artistique à l’attention de différents publics voient leurs projets arrêtés temporairement. C’est le cas, entre autres, de La Langue écarlate avec le projet SPLASH, projet d’action culturelle territoriale, soutenu notamment par la DRAC, associant 60 amateurs ; de la cie Parfois l’oiseau qui propose des lectures en EHPAD, ou encore de La Relative avec Quel Cirque ?!, spectacle-médiation à l’attention des classes en élémentaire, qui se retrouve avec de nombreuses dates annulées et éventuellement reportées.

• Formations, masterclass, stages
Plusieurs équipes artistiques proposent, au printemps et pendant les vacances, des stages et formations à l’attention de professionnels et amateurs : la Cie OBRA avec l’organisation de stages d’été, animés par les artistes de la compagnie au centre Au Brana (avec des stagiaires venant d’Europe et d’ailleurs), ou encore la Compagnie Théâtre du Mouvement – Yves Marc qui proposait des stages en avril-mai, dans son lieu à Clavères ; la Cie A Pied d’œuvre qui devait donner un stage de de théâtre de 2 semaines, organisé par l’association La Cour des miracles ; Cirque Compost dans la cadre de la diffusion de On n’avait dit qu’on ne se touchait pas avec Graine de rue, qui proposait 40 heures de formation ; Kiosk dans le cadre d’un travail avec des choristes amateurs, sur plusieurs spectacles, ce qui correspond à l’annulation d’une soixantaine d’heures de pratique. 

• Accompagnements artistiques auprès d’autres artistes et compagnies 

• Tout le travail de prospection de lieux de diffusion pour la saison prochaine, de coproductions, de partenariats… qui se retrouve mis à mal, difficilement réalisable, et cela pour toutes les compagnies.
En plus de fragiliser la situation économique des salariés et intermittents, de retarder les créations, d’empêcher les répétitions, cette période rend difficile la communication avec les diffuseurs, la recherche de partenaires, coproducteurs, de lieux potentiels de diffusion, d’accueil en résidence. Certaines équipes peuvent craindre de perdre leur élan et la connaissance/reconnaissance chez certains diffuseurs. Cette période peut aussi accroître l’idée selon laquelle il n’y aura pas de place pour tout le monde (davantage qu’en « temps normal »)…

• Les lieux de résidence et de pratique artistique, gérés par des compagnies ou artistes et sources de fonds propres
Ce sont des lieux qui constituent aussi une richesse pour le territoire gersois puisqu’ils offrent un grand et bel espace pour la pratique et la création, en pleine nature, permettant aux participants d’être logés. La pratique de résidence et de stage se retrouve remise en question pour les semaines et mois à venir.

Cette situation de crise sanitaire et de confinement comporte bien des répercussions économiques pour l’ensemble des compagnies, bien que variables car les modes de gestions et de ressources sont divers selon les équipes artistiques, ainsi que sur leur calendrier. Ces conséquences peuvent être immédiates ou sur du plus long terme.

>> Afin de continuer à échanger et cette fois-ci collectivement, nous proposons aux équipes artistiques gersoises le souhaitant un rendez-vous en visio le mercredi 13 mai, à 10h, avec l’équipe de l’Adda. Nous serons ravis d’être à votre écoute et de tenter d’envisager ensemble les semaines à venir. Merci de bien vouloir nous faire part de votre présence par mail (dansetheatre.adda32@gers.fr) ou par téléphone (05.62.67.47.47).

>> Voir le questionnaire à destination des compagnies et structures de programmations

Renseignements : Coralie Reboulet – chargée de mission danse, théâtre et cirque – dansetheatre.adda32@gers.fr