Portrait d’acteur culturel #31 – Walter Robutti
Co-fondateur et Ancien président du Comité départemental de théâtre amateur du Gers
Après 22 ans de présidence, Walter Robutti a passé le relais à Didier Raucq, qui devient le nouveau président du Comité départemental de théâtre amateur du Gers. À cette occasion, l’Adda a décidé de lui passer la parole. Découvrez dès à présent son portrait !
« Trois époques ont marqué mon parcours.
1942 : Je nais dans une famille d’émigrés italiens. La mort de mon père, très jeune, oblige ma mère, selon la loi italienne qui veut que les enfants appartiennent au père, à prendre un tuteur si elle veut garder ses enfants. La solidarité de la communauté italienne n’aura aucun mal à lui en trouver un. La solidarité, l’union, déjà, des mots qui résonnent dans ma tête lorsque j’ai l’âge de comprendre.
Pour vivre et soigner ses deux petits enfants de 8 et 9 ans, ma mère doit vite trouver un emploi. Elle en trouve un au collège de Condom dans des conditions qu’aujourd’hui on ne tolèrerait pas du tout : ses enfants et elle seront nourris et logés mais elle ne sera pas payée, et cela pendant 7 ans. L’exemple est déjà là : se sacrifier pour les autres, donner de son temps, de son argent.
Dans ce collège puis lycée où je deviens étudiant, un professeur de gym, monsieur Jean Fourcade, enseigne le rugby. Un sport que je vais tout de suite pratiquer pour toutes les qualités qu’il développe : la solidarité, le don de soi, la tolérance, l’altruisme.
À 19 ans, je deviens moniteur de colonie de vacances formé par les CEMEA.
1968 : Devenu instituteur, j’arrive, accompagné de mon épouse Jacqueline, elle aussi institutrice, à Courrensan. Dans ce village, mon prédécesseur a créé un foyer rural des jeunes et d’éducation populaire ; il a surtout initié ses élèves au basket. Il est parti loin et les séniors qui formaient l’équipe avec lui sont partis aussi. Restent les jeunes ! Je ferai donc du basket pour les accompagner et les soutenir. Et ces jeunes porteront le club très longtemps, au point qu’il existe encore.
Aujourd’hui encore, je ne peux mentionner le nom de Courrensan sans une grande émotion. Ce village représente 11 ans de ma vie associative pleine et entière. 11 ans à faire vivre ce foyer rural avec tous ces jeunes, ces villageois sur des projets sportifs, culturels, économiques etc…
Et le long de chaque année, devenus instructeurs CEMEA, mon épouse et moi-même militions au sein des CEMEA (Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active) : stages de formation, colonies de vacances.
Construire toujours, rassembler les gens sur des projets qui rendent forcément heureux dans le partage.
1980 : La fermeture possible d’une classe nous pousse à partir. Me voici à Valence sur Baïse. Le temps est venu de penser à soi. Or, un an plus tard, deux jeunes femmes m’accostent à la sortie scolaire pour me demander de les aider à refaire du théâtre. Il y a eu du théâtre à Courrensan, mais j’étais un piètre acteur. Je ferai donc du théâtre pour les accompagner.
Une troupe est née et nommée « Section culturelle de l’Amicale Laïque » de Valence sur Baïse. Le virus du théâtre et surtout ce nouveau projet me tient à cœur. Comment amener les acteurs à l’excellence de cette pratique ? La présence à Lectoure de la troupe « Théâtre populaire Lectourois », animée de façon professionnelle par Bernard Guittet, indiquera le chemin à suivre. Le Castella Théâtre, suivant ses enseignements, s’éveillera aux grands principes de la pratique théâtrale.
En 1989 naît le Comité départemental de théâtre amateur (FNCTA). J’en deviens le président en 1993, normalement pour deux ans. Ce seront en fait 16 années durant lesquelles de nombreux projets, de formation en particulier mais aussi d’animation, seront mis en place par le bureau. En 2009 je passe le relais et, aidé de deux amies, je reprends la présidence en 2016, lorsque le bureau en place décide en bloc d’arrêter, avec l’intention ferme et l’espoir de trouver une jeune personne passionnée par le théâtre et la vie associative pour diriger le CDTA et continuer à le faire vivre. Ce sera le cas cette année, le 25 mars.
J’ai été aussi administrateur de la Falep du Gers sous la présidence de Gilbert Malhomme et administrateur de l’Union MP FNCTA pendant 34 ans. »