Covid-19 : les conséquences
Bilan des visio-conférences réalisées avec les acteurs culturels du département
La crise sanitaire qui frappe le pays depuis plusieurs mois maintenant a obligé les acteurs culturels à réinventer leur quotidien et surtout à réfléchir à l’après.
Dans ce contexte difficile et généralisé, l’Adda 32 a souhaité apporter sa contribution en soutenant les compagnies, festivals, diffuseurs, programmateurs et enseignements artistiques gersois, d’une part en évaluant l’impact du confinement sur leurs activités par le biais de nombreux questionnaires envoyés par typologie d’acteurs au tout début du confinement, d’autre part en organisant des visio-conférences permettant d’échanger sur les constats, imaginer des solutions et surtout permettre à chacun de se sentir moins isolé et de disposer des meilleures informations.
De ces rendez-vous et des nombreux échanges qui en ont découlé, l’Adda a tenté de dresser des bilans par secteur d’activité, poussant plus loin les premières observations qui avaient été réalisées suite à l’envoi des questionnaires. Vous trouverez donc ci-dessous un bref récapitulatif des attentes et préoccupations qui animent l’ensemble des acteurs culturels qui nous ont répondu présents.
• Les enseignements artistiques
L’enseignement chorégraphique – 15 mai
Durant le confinement et même encore aujourd’hui, chaque école et professeur.e a fait preuve de créativité pour maintenir le lien avec les élèves, d’autant plus que la première phase de déconfinement ne leur permettait pas de reprendre leur activité en présentiel.
La reprise d’activité – désormais possible depuis le 2 juin, suivant certaines catégories d’ERP (Établissement Recevant du Public) et dans des conditions sanitaires spécifiques – était très attendue pour plusieurs raisons, les plus préoccupantes étant d’ordre économiques : la grande majorité des 46 écoles de danse ou associations proposant des cours et ateliers de danse étant de statut privé, cette période a eu de lourdes répercussions économiques et administratives, avec des démarches complexes et plurielles – notamment pour des écoles gérées par des bénévoles.
La complexité de la situation et les changements opérés se traduisent de manière importante pour la danse et de manière d’autant plus criante pour les danses de société, pour lesquelles la distanciation sociale est en contradiction avec la pratique.
Certaines écoles ne rouvriront pas à la rentrée de septembre, si les conditions le permettent, dans leur fonctionnement « normal » ou habituels (nécessité d’avoir l’autorisation de la part du propriétaire de la salle, contraintes sanitaires, capacités d’accueil limitées…) et beaucoup tentent de trouver des solutions afin de dégager des perspectives, et font même des propositions pour cet été et des scénarios pour la rentrée.
L’Enseignement musical – 18 mai
La structuration des écoles de musique du Gers a amené l’Adda 32 à proposer deux temps de rencontre, l’un avec les équipes pédagogiques – qui a rassemblé 20 professeur.e.s œuvrant dans au moins une école de musique, et souvent dans plusieurs – l’autre avec les équipes bénévoles dirigeantes, soit 22 bénévoles en charge d’une école de musique.
Du point de vue pédagogique, les enseignant.e.s ont fait preuve de créativité, d’inventivité, bousculent leurs fonctionnements pour garder les liens avec leurs élèves. Seule l’inquiétude prédominante se cristallise autour des pratiques collectives avec les orchestres, harmonies, chorales… où les gestes barrières sont difficilement applicables.
Du point de vue concret, les 2 heures d’échange ont permis de ne pas rester isolés, d’identifier les difficultés principalement budgétaires, et de programmer une nouvelle visio fin juin qui a permis de préciser la situation de chacun et partager des initiatives encourageantes. Le service départemental d’action culturelle a également pu décliner les aides apportées par le Conseil départemental, rassurant ainsi, en partie, les responsables associatifs.
Les ateliers théâtre – 28 mai
Chacun fait preuve d’inventivité, que ce soit pour maintenir le lien (ateliers via Zoom, propositions de réalisation de vidéos, italiennes à distance…) ou encore pour imaginer des conditions de reprise. L’activité semble de nouveau possible à condition de suivre des protocoles de reprise qui sont malgré tout lourds et complexes.
Certains proposent des ateliers en extérieur, avec le respect de la distance sociale, d’autres n’ont pas de lieu propre et se retrouvent donc dépendants de l’autorisation et de la règlementation des municipalités pour pouvoir exercer de nouveau dans les salles municipales. La crainte, ici, est de se voir confronté à une grande frilosité et donc à une reprise d’activité tardive. Il semble alors important de rassurer les propriétaires des salles ainsi que les amateurs en communiquant sur les mesures sanitaires mises en place par les associations dans le cas d’une reprise d’activité.
Ont également été soulevés le souhait mais également la crainte de la difficulté à trouver de nouveaux amateurs à la rentrée, en raison des coupures d’activités ainsi que des annulations d’événements permettant de rendre visible les associations.
Enfin, et comme pour toutes les pratiques liées aux arts vivant, l’importance du « vivant » et du présentiel en théâtre a été rappelé à plusieurs reprises.
• Les organisateurs de spectacles
Les diffuseurs – 19 mai
En plus des réunions régulièrement organisées avec les programmateurs de saison gersois, l’Adda 32 a tenu à réunir les diffuseurs réguliers du Gers. Un constat a été largement partagé : s’ajoutant aux tensions financières, notamment pour les structures reposant sur des recettes propres, les mois d’avril et de mai ont été marqués par une grande difficulté à se projeter. Nombreux ont été impactés par le casse-tête des reports, l’équilibre avec une nouvelle programmation, la mise en place des contraintes sanitaires d’abord suspectées puis depuis début juin avérées, et ainsi, pour certains, la construction de protocoles sanitaires afin d’accueillir de nouveau des compagnies en résidence.
Malgré la difficulté d’envisager des spectacles et concerts en jauges réduites et dans des conditions de distanciation sociale, certains diffuseurs ont fait le choix de réaliser des propositions artistiques pour cet été (accueils en résidence pour les équipes locales, spectacles en extérieur…), toujours dans un désir de rester solidaire à la création et de tisser le lien. Les programmations 2020-2021 sont également en cours de finalisation.
Enfin, plusieurs diffuseurs ont soulevé les démarches de solidarité du public.
Les festivals – 26 mai
15 festivals étaient présents à cette visio-conférence réalisée avec la participation du directeur de la direction des moyens éducatifs et de l’action culturelle du Département, qui a présenté l’aide exceptionnelle du plan Marshall, en soutien aux acteurs culturels gersois.
Si les conditions d’accueil du public en présentiel induisent de nombreuses questions, les responsables des festivals maintiennent au travers de divers exemples un contact privilégié sur les sites et autres réseaux sociaux pour certains, tandis que d’autres, dans la mesure du possible, préparent une programmation souvent allégée.
• Les compagnies professionnelles
Les compagnies – 13 mai
Les 53 compagnies professionnelles ont suscité une attention particulière dès le début du confinement et se sont fortement mobilisées afin de nous faire part de leur situation, que ce soit par retour de questionnaires ou par leur présence à la première visio organisée, et qui a réuni 22 compagnies.
Au-delà des conséquences relevées dans un précédent article, mettant en exergue, malgré la diversité des situations, une suspension commune de leurs activités et de grandes difficultés à se projeter, les équipes artistiques nous ont fait part d’une pluralité de constats, difficultés et enjeux : lourdeur administrative (chômage partiel, sollicitation d’aides financières, interprétation des décrets…), gestion des reports de diffusion et de création, vertus et travers du numérique, intérêt pour le local, enjeux de mutualisation, nécessité de prendre les répétitions et les résidences – inhérente à l’essence de la profession mais également liée à des raisons économiques.
Des enjeux quant à leur structuration financière ont été soulevés, révélant la fragilité économique du secteur, notamment quant aux financements de fonctionnement des compagnies… Celles-ci ont ainsi pu partager leurs besoins, proposer un projet collectif, et l’Adda a réalisé plusieurs propositions comme, par exemple, le maintien et renforcement de son rôle de ressource et l’organisation d’une formation/information autour du chômage partiel, qui ont été réalisées dans l’immédiat.
Inventives et créatrices, plusieurs compagnies ont continué à créer (de nombreuses vidéos sont visibles sur les sites des compagnies, les réseaux et le site de l’Adda), à repenser philosophiquement, artistiquement, pédagogiquement leur.s projet.s ou démarche ; et dans ce désir de pouvoir « reprendre » au plus vite en présence d’un public, certaines ont pu réaliser des propositions artistiques jouant et s’adaptant aux contraintes sanitaires…